De l'idée au produit : Design

#1 - La genèse du design TEMO
3 avril, 2020 par
De l'idée au produit : Design
Justine Perussel
 

De L'idée au produit 

#1 La genèse du design TEMO

Christophe Chedal Anglay est designer. Il a travaillé pour de grands comptes comme Rossignol ou Tefal. S’est forgé une réputation grâce à des designs phares notamment la lampe frontale de Petzl. Pour qui il assure maintenant un rôle de conseil artistique.

“Conceptualiser les envies de mes clients “

Christophe Chedal Anglay - Designer 


Fort de son expertise dans la conception d’objets les plus exigeants, dédiés à l’aventure et l’exploration, Christophe s’est depuis plusieurs années spécialisé dans l’univers du nautisme. Il habille les intérieurs et les extérieurs de toutes sortes de bateaux. 

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C’est via ce réseau qu’il rencontre Alexandre SEUX, fondateur de TEMO - le moteur pour annexe de bateau nouvelle génération, et que ce dernier lui confie, en mai 2018, le design de ce qui deviendra le premier propulseur électroportatif.

Bonjour Christophe, comment définirais-tu ton métier ?

 En tant que designer, mon rôle est de conceptualiser les envies de mes clients. Certains d’entres eux vont me laisser carte blanche, d’autres ont une idée très marquée. À moi de m’adapter au cahier des charges et délivrer un dessin qui colle au plus près au désir du porteur de projet.

Quel était le cahier des charges lorsqu’ Alexandre t’a confié le design de TEMO ?

Lorsqu’ Alexandre est venu me voir, il avait une idée assez précise du produit, autant sur l’usage que sur l’ergonomie. Mais avec de nombreuses contraintes :

Alexandre souhaitait une forme vraiment disruptive par rapport aux moteurs d’annexe existants. Il l’imaginait électrique et tubulaire. Il souhaitait que TEMO soit léger, compact, transportable facilement tout en délivrant une puissance conséquente, capable de propulser n’importe quelle petite embarcation nautique. Beaucoup de contraintes technique donc à faire rentrer dans un produit simple et léger. Pas si simple.

Il me fallait respecter la vision esthétique d’Alexandre tout en m’assurant que les dimensions et les proportions du produit puissent abriter toute la technique et l’ergonomie demandées pour son usage. 

Partant de là, nous nous sommes inspirés de la mobilité urbaine, avec une batterie, une puissance et un encombrement similaires à ceux de la trottinette électrique. Puis, pour valider l’usage, nous avons pioché des éléments issus du nautisme - comme cette forme linéaire propre au longtail asiatique. Enfin, se sont ajoutées à cela d’autres pistes ergonomiques inspirées de l’aspirateur Dyson ou de l’outillage sans fil en général.

En est ressorti TEMO avec un design très simple, très épuré et qui cache pourtant une grande complexité technique.


Comment cela s’est traduit sur le produit ? 

Pour respecter l’aspect compact, nous avons pensé à la téléscopie. L’idée était de pouvoir replier le tube supérieur dans le tube inférieur et passer ainsi très facilement d’une taille minimale de 130cm à une taille dépliée de 170cm afin de pouvoir s’adapter à l’utilisateur comme à l’embarcation.

L’engin aurait pu être pliable ou démontable en deux parties mais la téléscopie optimise le rangement et permet une installation quasi instantanée. TEMO ne prend pas de place, se glisse dans sa housse de transport, dans le coffre d’une voiture ou sur un bateau sans encombrer le pont.

Les tubes permettent aussi d’attraper facilement l’engin, et rendent la rotation de la poignée possible afin de choisir le meilleur axe de prise en main où que l’on se trouve sur son annexe.

Il y a eu un gros travail sur la poignée. Hyper ergonomique et confortable, nous l’avons conçue ambidextre. La main se positionne naturellement dans la manette et la gâchette de contrôle comme le bouton directionnel restent très facilement accessibles depuis l’index et le pouce.

D’autres éléments ont ensuite été ajoutés pour compléter l’engin : le collier de serrage, l’embase anti-vol, la tuyère de protection autour de l’hélice etc.. En gardant toujours pour objectif de rester très simple et épuré.

Ce propulseur électroportatif est complètement innovant et représente aussi un très bel objet. Nous sommes très satisfaits du résultat.


En quoi TEMO était un challenge ?

Sur le plan du design, TEMO représentait un vrai challenge pour que l’aspect compact et léger aille de pair avec la performance exigée.

L’idée d’intégrer l’hélice, le moteur, la batterie, le contrôle dans un axe parfaitement linéaire et faire que l’ensemble reste facilement maniable et transportable n’était pas chose facile.

Et pourtant, lorsqu’on voit l’objet aujourd’hui, cela paraît logique, attendu. Donc ma mission en tant que designer est, de ce côté là, parfaitement réussie ! Avec l'expérience, je passe le plus de temps à dessiner pour que cela ne se voit pas…

La collaboration avec Alexandre, porteur du projet a donc été un succès ?

Tout à fait. Comme nous nous connaissions bien dans le travail, nous avons pu casser le processus classique agence/client et travailler dans des boucles de conceptions plus courtes et informelles où chacun assume ses responsabilités et expertise. Un vrai bonheur de concepteur(s) et c’est un contexte que j’arrive de plus en plus à instaurer avec mes clients au profit de produits simples, clairs et lisibles.



Il y a t-il encore des sujets TEMO sur lesquels tu travailles ?

Si le gros du design est aujourd’hui validé, il peut encore y avoir de légers ajustements à faire. Ce nouveau moteur sera amené à évoluer grâce aux retours d’expérience des plaisanciers. Nous apporterons les modifications nécessaires.

En parallèle de TEMO, j’ai également travaillé sur le sac de transport, le powerpack ou le support de dame de nage par exemple. 

Pour cette dernière, nous souhaitions avoir une interface très simple et très rapide à installer. Nous avons exploré plusieurs pistes jusqu’à trouver la meilleure solution : une fixation universelle avec une partie femelle très discrète, parfaitement intégrée au collier de serrage de TEMO et une partie mâle - minimaliste -  à fixer sur n’importe quel tableau arrière de bateau. Quatre vis suffisent.

Le travail du designer est d’imaginer le produit dans son environnement global , son scénario d’utilisation, et tous les accessoires qui le complètent jouent alors un rôle important.

L’idée est de créer une cohésion, rester sur des supports à la fois simples et robustes de sorte que l’ensemble constitue une famille unique, propre à l’univers de la marque. Maintenant TEMO est reconnaissable de tous avec une identité forte qui va bien au delà du logo.


En tant que designer, quels sont les droits sur la propriété industrielle d’un produit ?

En tant que designer, j’ai les droits sur mes dessins. Ensuite, selon l’accord passé entre les différentes parties, il est possible de céder la propriété industrielle du design à l’entreprise pour qu’elle puisse avoir l’entière jouissance d’exploitation. 

D’une manière générale, si l’on veut mettre un produit innovant comme TEMO sur le marché, il est recommandé de protéger le design en déposant les dessins et modèles à l’INPI. Ce sont des démarches assez rapides qui permettent de breveter l’invention et d'interdire l'exploitation par un tiers du design breveté. 

Merci Christophe !

Christophe ChedalAnglay

 


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Justine Perussel 3 avril, 2020
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